Depuis maintenant une bonne tripotée d'années, Chokebore ne cesse de tourner, d'aller et venir ici ou là, jouant partout où c'est possible, propageant ainsi la hargne et la mélancolie qui caractérisent son style si particulier. Cette soif de scène semble s'épancher plus largement en Europe où le groupe hawaïen (exilé à L.A.) bénéficie d'une bonne cote de popularité. On ne compte même plus ses venues sur le Vieux Continent, les premières apparitions datant carrément du début des 90's ! L'engouement ne s'est jamais démenti, même après un stand-by de plusieurs mois à la fin de ces mêmes 90's, et ce n'est donc pas si étonnant de voir l'étendue de la dernière tournée européenne qui, du 2 octobre au 11 novembre 2002, a mené Chokebore de la France à l'Allemagne en passant par la Suisse, l'Autriche, la Tchéquie, la Belgique ou encore le Luxembourg.

Plus d'un mois avec Chokebore résumé ici par l'ami Doumé qui, en tant qu'ingé-son attitré, était fort bien placé pour nous faire vivre l'aventure de l'intérieur. Let's go !

Pour le début de la tournée, le rendez-vous est fixé à Angoulême avec trois jours de répétitions avant le premier concert. Le tout à la Nef. Les répètes se déroulent plutôt bien, musicalement et culinairement, car c'est « Magic Dom », le talentueux cuistot de la Nef, qui nous régale tous les jours. Cool ! Le concert est très bon aussi, surtout pour une première, ce qui nous met dans de bonnes conditions pour le lendemain à Bordeaux. Première petite frayeur de la tournée lorsque l'on apprend en arrivant que le concert n'est pas sûr d'avoir lieu et ce, pour « conflits » entre l'organisateur et le directeur de Barbey... No comment. Fort heureusement tout ceci ne nuira pas au concert, qui finalement a bien lieu. 3ème jour, direction l'Olympic à Nantes où nous rejoignons Sophie et Anna (alias « the sisters ») qui s'occupent du merchandising. Christian (alias Mad Dog, batterie) n'a pas la pêche... « I need to smoke man ! » dit-il, et c'est plutôt Angry Dog today. Tout ceci s'arrange vite et le concert est très très bien (Stone Dog pour finir).

Le 6 octobre correspond au premier « day off » et nous nous rendons à Genève pour une escale à l'Usine. Le voyage est chiant et long. Le lendemain c'est Zurich à la Rote Fabrik. Bonne soirée, rien à signaler. Nancy nous attend ensuite pour un premier concert avec Nada Surf, bon concert mais première embrouille « hôtelière » (il y en aura plusieurs) avec le réceptionniste qui nous dit, à 4h du mat', qu'il n'y a plus de chambres ! On se rend vite compte qu'il a reloué nos chambres ne nous voyant pas venir... Pas cool dude ! Il nous faut pas loin d'une heure pour trouver un autre hôtel. Lequel est vraiment super pourri, il y fait -12° et c'est super crade (cafards à l'appui). On dort un peu quand même mais c'est donc la tête dans le cul que nous retournons à Genève. L'accueil est vraiment comme d'habitude, au top ! Tout comme le concert d'ailleurs, chaude ambiance. C'est aussi le deuxième concert avec Nada Surf, qui s'avère être très cool. Moni la copine de John (guitare) nous a rejoints et s'occupe à son tour du merchandising. Au moment de partir à l'hôtel, David (l'organisateur) nous dit qu'il a oublié de réserver (mais ce n'est qu'une blague, ouf ! Après nos péripéties de Nancy, on commence à redouter l'étape « hôtel »). Arrivée tardive à l'hôtel où le réceptionniste nous dit qu'il n'a pas de réservation au nom de l'Usine ce soir... Nous devenons tout blancs et c'est à peine calme que j'appelle Alex (de l'Usine aussi) à la rescousse et tout se règle assez rapidement (les résas étaient faites au nom de PTR, l'asso qui organise), re-ouf ! Suivront de bons concerts à Neuchâtel et Sursee, RAS.

Deux autres day off nous conduisent à Marseille où là, c'est direction le skatepark, l'un des meilleurs selon Chokebore. Belles démonstrations de Troy et James : ça maîtrise grave ! Le concert, lui, ne restera pas dans les annales. Petit tour en Belgique à Gent, Zichem et Ciney (spécial merci à Quasimorock à Ciney, supers ambiance et concert, où il n'y a pas que la bière qui vaut d'être connue !). Après, nous nous rendons pour 2 jours à Clermont-Ferrand, avec un show-case le 1er jour et un (bon) concert à la Coop' de Mai (médaille d'or de la plus belle cuistôte). Le lendemain nous attend une rude épreuve : Clermont-Ferrand to Brest où nous sommes censés arriver à 17h au plus tard pour un show-case à la fuckin' Fnac. C'est à 18h que nous arrivons, sur les rotules après 10h de route. Troy, lui, est accompagné d'un début d'extinction de voix (oups !) et le show-case ressemble à notre état : très mou avec la voix de Troy à la Joe Cocker. Le lendemain, un autre show-case nous attend après la balance mais beaucoup plus intéressant. La fatigue est cependant toujours présente ce qui donnera, le soir, le plus mauvais concert de la tournée.

En ce 25 octobre, nous nous levons encore super tôt (gros fuck général) car nous devons être à 14h à Paris à la Cigale. La soirée se déroule plutôt bien : maxi people (900 personnes !), le concert est sûrement le meilleur de la tournée (oublié Brest) et on établit notre record du monde de merchandising. Il ne reste presque plus rien. Plus tard, vers 2h du mat', je rejoins James et Mad Dog à l'hôtel. Je demande ma chambre au réceptionniste qui m'explique que ce n'est pas possible parce que 2 personnes sont déjà dedans. Peu importe, je lui demande les clés de la deuxième chambre, ce qu'il refuse parce que mon nom est noté sur la première... Au moins 10 minutes se passent et je commence à perdre mon calme, au point d'hurler. Mad Dog arrive, lui explique exactement la même chose, mais en anglais et le réceptionniste lui donne aussitôt une autre chambre. Je suis dépité. Suivent 2 days off à Paris, puis c'est Frankfurt au Cooky's. Superbe soirée avec en première partie un duo totalement déjanté de L.A. (médaille d'or du batteur le plus stone on stage, impressionnant). De plus, ce sont des potes à Chokebore. Longue nuit donc, très très enfumée (c'est Happy Dog tonight...). Suivent Köln, Strasbourg puis Esch (Luxembourg) à la KulturFabrik (médaille d'or de la plus belle éclairagiste), tous de bons concerts. Tout comme Hannovre et Bielefeld mais rien de particulier à signaler. A Berlin, nous faisons la connaissance des collègues de Derrick : un vieux flic s'adresse à James qui tient le volant à ce moment, incompréhension totale. Heureusement, Anna et Sophie sont allemandes et nous expliquent qu'il faut les suivre (les flics) afin de faire peser le camion... Résultat : le camion est trop lourd et 2 personnes doivent le quitter, sous peine de ne pas pouvoir continuer ! Troy et James descendent et font mine de nous laisser mais nous les récupérons après avoir fait le tour du pâté de maisons... Le lendemain nous allons à Bruxelles en train pour jouer à la Nouvelle Belgique et y faire la première partie d'un groupe belge (connu là-bas) dont j'ai oublié le nom, mais genre Placebo et pas mal. Set énergique de Chokebore ce soir-là ! Re-train le lendemain pour Berlin, afin de récupérer le van, puis route vers Leipzig... RAS. Ensuite c'est Nuremberg, Vienne (cool !) et Munich. A noter l'audience à 80% féminine de l'Atomic Café à Munich, waouh (Crazy Dog tonight) ! Puis nous retournons en Autriche à Graz pour un big festival mais un concert moyen...

10 novembre, nous somme tous assez excités car nous allons à Prague. Eux connaissent, mais pour moi c'est un « baptême » et vu ce qu'ils m'en ont dit, je suis impatient... surtout après 1h30 d'attente et de fouilles à la frontière. Effectivement, c'est terrible, chouette ambiance, les gens sont sacrément cool et bourrés, hot show donc, malgré des conditions « tecknic » les plus roots de la tournée. Et nous arrivons déjà au dernier concert de la tournée à Hambourg, au Tanzhalle qui arrive en 2ème position dans la « roots attitude », mais encore une fois, l'ambiance fait très vite oublier tout ça et c'est un festival de tequila paf et de Jagermeister qui se déroule durant et après le concert. Le DJ/sonoman du club est complètement sous trip, et massacre ses vinyls à coup de tequila paf ! Nous somme ivres et malgré tout assez contents de la fin de la tournée, fatigue oblige...

Doumé
Kérosène #0
février 2003