Il est généralement de mise de descendre les premières parties. Il faut dire qu'elles n'ont pas la "partie" facile. Faire patienter un public généralement venu pour la tête d'affiche, avec un répertoire inconnu tient souvent de la gageure. Pourtant ce samedi soir au Ninkasi, dans un registre pop charnue teinté de post rock, Kaolin reçoit un bon accueil du public lyonnais et nous gratifie d'un rappel ce qui est assez rare pour être signalé. Peut-être peut on reprocher au chanteur d'en faire un peu trop avec sa voix ? (n'est pas Jeff Buckley qui veut !)
Puis après quelques minutes de patience, Chokebore entre en scène. Groupe culte par excellence, Chokebore nous vient d'Hawaï. Animé par un esprit constant d'indépendance et par le souci de forger la mélodie parfaite, Troy et sa bande sillonne inlassablement l'Europe depuis plus de 10 ans, avec dans leur valise 5 albums à défendre, 5 albums oscillant nerveusement entre énergie salvatrice et spleen baudelairien. Le dernier opus "It's a Miracle", remarquable de maîtrise et de sincérité, ne déroge pas à cette règle immuable même si il fait la part belle à des compositions plus intimistes et calmes que par le passé. Mais ce qui fait la force de ce groupe c'est la scène, lieu propice à l'incandescence et au recueillement cher a nos hawaïen préférés (en vrai dire j'en connais pas d'autres).
D'emblée Chokebore prend la salle d'assaut avec un "Narrow" rageur. Le ton est donné. Comme à son habitude, le groupe souffle le chaud et le froid sur un public bigarré (beaucoup de jeunes filles en fleur et quelques vieux cons comme moi) mais enthousiaste à l'unisson. Troy éructe, se contorsionne sur sa guitare puis se fait sage pour chanter fébrilement quelques mots d'amour. S'alternent pendant près d'une heure et demie, dans un équilibre tout chokeborien, des morceaux puissants joués avec rage ("Coat", "The Perfect Date", "Comeback Thursday") et d'autres plus introspectifs ("Day of nothing", "I'll Save You") dans une ambiance de ferveur quasi religieuse. Seule fausse note du concert une version quasi-neurasthénique du joyau "Police" qui aurait merité un peu plus de vigueur. Le concert se termine après deux rappels. le public est satisfait. Un ange est passé.