Originaires d'Hawaï, Chokebore, désormais basé à Los Angeles, est un groupe qui monte. Depuis leur dernier album, A Taste for Bitters, leur popularité a grimpé, ils ont adopté l'Europe et celle-ci leur rend bien. Adeptes d'un rock lourd, mélancolique et émotionnel, Chokebore est fait pour vous... !

Que signifie Chokebore ?

Chokebore ne veut rien dire du tout. C'est juste un mot qui à l'origine, fait allusion à la gâchette d'un revolver. Maintenant, cela représente uniquement un groupe.

Comment le groupe s'est il formé ?

Nous avons grandi à Hawaï et nous faisions partie de différents groupes de punk là-bas. Nous nous sommes réunis dans un même groupe et avons décidé de jouer encore plus, un style différent. Nous sommes allés dans la chambre du guitariste pour jouer. Nous avons écrit une vingtaine de chansons dés les premiers jours, et voilà là ou on en est maintenant.

Comment définis-tu votre style de musique ?

Je dirais tout simplement que c'est une musique lourde, puissante et mélodique.

Pourquoi avoir choisi ce style et pas un autre ?

Parce que ça sonne mieux, à mon goût, que les autres musiques. Parfois, nous jouons des morceaux très lents et très lourds, et c'est plus puissant que quelque chose de rapide. C'est quelque chose que je sens, nous avons essayé et ça marché.

Lorsque vous jouiez dans des groupes punks, cette musique vous attirait-elle déjà ?

Oui, j'y pensais. Je voulais jouer une musique lourde, je voulais jouer ce qui m'inspirait vraiment.

Comment a eu lieu votre rencontre avec Amphetamine Reptile ?

Nous avons envoyé une cassette et nous sommes satisfaits. C'est un bon label.

Quelle est votre popularité aux Etats Unis ?

Dans certaines villes, il y a du monde et dans d'autres, au contraire, il n'y a pratiquement personne. A New York, Los Angeles, ça marche, à Washington, rien. C'est très différent parce que nous n'avons pas passé beaucoup de temps aux Etats Unis ces dernières années, nous étions plutôt en Europe.

D'après toi, à quoi est due cette différence ?

La plupart du temps, aux Etats Unis, c'est dû à un problème de pub. Dans ce pays, tu as besoin de milliers d'affiches pour que les gens te voient. C'est difficile, parce qu'il y tant de groupes qui ont ces milliers d'affiches chaque semaines. Nous n'avons pas cela parce que nous sommes sur un label indépendant Des gens comprennent cela, s'ils aiment ce que nous faisons, c'est cool, si ils n'aiment pas, tant pis !

En Europe, nous avons plutôt tendance à attendre les groupes américains. Or, vous, ce n'est pas le cas, peux tu nous expliquer cela ?

Nous aimons l'Europe, c'est cool, nous aimons voyager. Tu sais, j'ai grandi aux Etats Unis, à Hawaï, et c'est plutôt enrichissant de voyager à travers le monde. Pour nous, aller en France, Italie, etc... c'est très excitant. Nous faisons connaissance de beaucoup de gens et endroits intéressants.

Votre succès est-il le même dans tous les pays européens ?

Non, tous les pays sont différents à ce sujet. C'est comme aux Etats Unis, certains pays accrochent, d'autres pas.
En Allemagne c'est mitigé, en France, c'est pas mal. Mais je ne pense pas à la popularité, ce n'est pas ce qui importe. Je ne sais pas qui nous aime ou qui nous déteste. Moi, j'ai l'impression que personne nous aime. Nous jouons autant de fois que nous le pouvons. Ce qui est important, c'est la musique ; à partir du moment ou elle est réelle et pure, il peut arriver n'importe quoi, ça ne sera pas un problème.

Comment sont les relations entre les différents groupes AmRep ?

Nous avons de très bons rapports avec eux et le label entretient cela en organisant des tournées où l'on joue ensemble. Tous les groupes sont super cools, les Cows... Leurs concerts sont vraiment incroyables...

Sais-tu pourquoi Guzzard a splitté ?

Parce qu'il est très dur, aux Etats Unis de s'en sortir lorsque l'on est un label ou un groupe indépendant. Ils n'avaient pas d'argent, pas de chance, c'était très dur. Mais malgré tout cela, Chokebore continue, ça n'a pas d'importance. Nous sommes maigres, on a pratiquement rien à bouffer, mais ce n'est pas grave.

Quelles sont vos influences musicales ?

Ce qui m'inspire, ce n'est pas tellement les groupes, ce sont les morceaux. Les gens qui osent et qui font ce qu'ils veulent de leur vie m'inspirent. Quelques musiciens étaient comme cela. Moi, je regarde les batteurs, leur rythme, je trouve cela important.

On dit que votre musique se situe entre les Pixies et Nirvana. Es-tu d'accord ?

Je ne pense pas que ce soit vraiment ça. J'ai déjà écouté un peu les Pixies, mais jamais Nirvana. La seule fois ou je les ai entendus était lorsque l'on a joué avec eux.. Je les respecte, car ils ont le cœur sur la main.

Votre musique est assez lente et triste, est-ce à l'image de votre personnalité ?

Peut-être, mais c'est aussi ce que nous voulons. Quand j'écoute un album, j'aime beaucoup les morceaux lents et tristes.

Pourtant, sur scène, c'est sur les morceaux rapides que tu t'exprimes le plus ?

Oui, à cause de l'énergie qui s'en dégage. A partir du moment ou le morceau est bien, ça va, si en plus il est rapide, c'est terrible. La chose la plus importante est que Chokebore ait de bons morceaux, rapides ou non.

J'ai lu dans Kérosène que la musique était une raison de vivre pour toi. Peux tu nous expliquer cela ?

Oui, la musique est une des meilleures raisons de vivre. C'est plus fort que la vie réelle. Jouer de la musique et écrire des chansons représentent la plus grosse partie de ma vie. Mais je ne pense pas que je mourrai si j'arrête.

Quels sont les thèmes qui inspirent tes textes ?

Le dernier morceau que j'ai écrit était au piano pour un Ep avec Erase Your Head qui sortira bientôt. Tous mes textes sont différents. Le dernier parlait du fait de dormir avec une fille, mais on ne peut pas savoir de quoi parlera le prochain...

De quoi parle-t-on à la fin de votre dernier album ?

Ce sont les paroles de l'album en suédois. Nous avons téléphoné à une amie pour qu'elle nous les lise du début à la fin.

Quand est prévu votre prochain album ?

Nous allons le faire durant le printemps prochain.

Sera-t-il différent du dernier ?

II sera meilleur.

C'est rare qu'un groupe indépendant sorte autant de singles, pourquoi le faites vous ?

« Days of Nothing » et « It Could Ruin Your Day » ont été enregistré dans la foulée du dernier album. On les a fait pour pouvoir les vendre lors des dates qui suivaient. II y a un ou deux inédits à chaque fois et c'est très important d'avoir quelque chose à vendre sur des dates de concert. Nous aimons écrire autant de fois que nous le pouvons et ces singles permettent de concrétiser cela entre les albums.

Pourquoi ne jouez-vous jamais Pink Deluxe et Alaskas lors de vos concerts ?

Parce que nous ne savons plus les jouer, on les a oubliés. Nous avons changé deux fois de batteur depuis qu'on les a composées, donc...

Ces morceaux seront-ils sur le prochain album ?

Non, ils sont juste sur des singles et sont à la vente pour ceux qui veulent les acquérir, c'est tout.

Y a-t-il des concerts qui vous ont marqués ?

II y en a beaucoup. A Bordeaux, nous avons fait un super concert, Berlin, Evreux, en Grèce beaucoup de gens étaient motivés...

Quels groupes français apprécies tu ?

Sloy, Prohibition, Dèche Dans Face...

Que pensez-vous de la scène française et de ce qui l'entoure ?

C'est pas mal, toutes les personnes que nous rencontrons aux concerts sont vraiment cools, ça me semble bien.

Comment expliques-tu le fait que vous soyez si proches du public ?

Nous aimons les gens. Nous ne voulons pas rester à l'écart, on apprendrait rien. Nous aimons nous faire des amis, faire la fête avec les gens que nous rencontrons.

Que ferez-vous après Chokebore ?

Peut être que nous serons astronautes.

Matthieu
Bokson
septembre 1997